Il y'a encore quelques années, l'accessoire ultime de tout vidéaste amateur (entendez par là : passionné qui n'a pas les moyens de se payer une caméra de cinéma) était le DOF Adapter, ou communément appelé : le kit mini35. Comme son nom ne l'indique pas vraiment, cet appareil tentait d'imiter la pellicule 35mm utilisée au cinéma.
Cependant aujourd'hui, les reflex vidéo sonnent le glas de ce dispositif.
Beaucoup de vidéastes amateur étaient, et le sont toujours, à la recherche de "l'image cinéma". Et, en dehors d'une retouche colorimétrique des images, cela passe par l'usage d'une faible profondeur de champ (un sujet net et l'arrière-plan flou par exemple). Et pour obtenir ce résultat, quasi impossible à obtenir à cause de la taille des capteurs de caméscopes, cela passait par l'usage d'un kit mini35. Ce boitier, judicieusement placé devant le caméscope, était à même de "rendre" une image typé cinéma. Comment cela ? un verre dépoli tournant à grande vitesse (ou vibrant), sur lequel est projeté l'image provenant d'un objectif d'appareil photo, ce verre étant filmé au travers de lentilles par le caméscope. Dans l'ordre : Objectif / verre /caméra. Grâce à cela, les possibilités créatives étaient multipliées et les films ne ressemblaient plus à l'anniversaire de tata Lucette.
Pour beaucoup, kit mini35 rime avec bricolage DIY (Do It Yourself, Faites-le Vous Même) avec l'achat de différents éléments en suivant des instructions trouvées sur le net, avec souvent un résultat douteux voire médiocre. Cependant, certaines entreprises, comme Letus se sont engouffrées dans ce marché en proposant du matériel de haute qualité et très bien fini, mais également très cher. Entre les deux, on trouve pourtant des DOF adapter au rapport qualité prix appréciable quand on est pas un professionnel, mon Modo35 en fait partie.
C'était donc le bonheur pour les réalisateurs amateurs et semi-pro, un accessoire qui "imite" la pellicule 35mm, sans les inconvénients des développements. Pourtant, utiliser un DOF adapter n'est pas aussi simple que simplement sortir le caméscope et filmer. Le système complet est plutôt encombrant et lourd et impose une certaine rigueur dans les plans, l'image est inversée, les réglages ouverture et vitesse de la caméra doivent être bien fait, on perd un peu en lumière, la mise au point des objectifs est manuel... Bref, on se retrouve à filmer dans les mêmes conditions qu'au cinéma. Il faut donc un cadreur, dans le meilleur des cas, ou un réalisateur qui connaisse bien sa machine.
Pendant des années donc, les kit mini35 et accessoires qui vont avec, ont fleurit sur le net et sur les plateaux de tournage. Mais ça c'était avant.
Avant que n'arrive les premiers DSLR ou appareils photos réflex vidéo, notamment le Canon 5D Mark II sorti en 2008. Ce photoscope était le premier de sa catégorie à pouvoir filmer en HD (1920x1080) avec un capteur plein format, loin des petits capteurs 1/3" des caméscopes et même des caméras pro et leurs capteurs 2/3" (voir images ci-contre).
Tout le monde fût tellement surpris par la qualité, relative, de cet appareil réflex devenant caméra, qu'un épisode de la série Dr House fût tourné avec ce Canon. On avait là l'avantage du DOF adapter (objectifs interchangeables, profondeur de champ...) sans les inconvénients (hormis l'obligation de la mise au point manuelle).
Aujourd'hui, on ne parle même plus d'appareils photos, mais d'appareils hybrides, car ils peuvent photographier ET filmer, avec des formes et des tailles de capteurs variées.
Bref, il semblerait aujourd'hui que les DSLR aient pris le pas sur les DOF adapter de part leur compacité, leur maniabilité, leur facilité de mise en place et surtout, leur prix attractifs pour les vidéastes éclairés, voire semi-pro. Cependant, le revers de cette médaille, vient maintenant de cet accès facile à "l'image cinéma". Au point que n'importe quoi, n'importe comment peut être filmé avec ces appareils photos, même des émissions télé. Notre œil fini par s'habituer à ce rendu net/flou et on commence à perdre le charme qui faisait cette exclusivité propre au cinéma.
Pour ma part, je ne compte pas passer aux DSLR malgré leurs qualités (à condition d'y mettre le prix, en plus). En effet, à force de regarder des vidéos tournées avec ces appareils, je trouve l'image bien trop nette, trop "électronique" (des soucis de moirés existent). Elle n'a pas ce petit grain qu'apporte les DOF adapter, ni ce côté tournage sérieux, sans compter les capteurs qui chauffent trop sur les plans longs (concerts, spectacles...).
Les kits mini35 vont peut-être disparaitre, mais ils auront connu leur moment de gloire et permis à des amateurs d'approcher un peu plus près de leur passion pour le cinéma.
Quelques images réalisées avec un DOF adapter :
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